À partir de décembre 2024, les routes des Monts du Lyonnais et des environs verront circuler une camionnette peu commune : l’épicerie nomade du groupe Casino. Ce projet, dévoilé lors du Salon des Maires et des Collectivités Locales, s’inscrit dans une démarche visant à revitaliser les territoires ruraux et périurbains, souvent isolés.

Une initiative pour recréer du lien social

Selon le communiqué du groupe Casino, cette épicerie mobile a pour objectif de « lutter contre l’isolement commercial et social ». Avec plus de 350 références, comprenant des produits de la marque Casino, mais aussi des marques nationales, ce camion offrira une réponse concrète aux besoins alimentaires et d’hygiène des habitants des communes desservies. Le directeur général du groupe, Philippe Palazzi, explique : « Cette initiative est bien plus qu’un simple service de distribution. Elle reflète notre vision d’une proximité qui recrée du lien humain et soutient les communautés locales. »

Le projet pilote, conduit par Corentin Benoît, exploitant d’un Petit Casino à Chazelles-sur-Lyon, desservira une douzaine de communes dans la Loire et le Rhône. Ce dernier souligne l’importance de ce nouveau rôle : « Avec cette épicerie nomade, j’ai la chance d’apporter bien plus que des produits du quotidien aux habitants. C’est une aventure humaine autant qu’un engagement pour ma région. »

Une réponse aux besoins locaux

Les tournées sont organisées en collaboration étroite avec les communes, qui détermineront les lieux et horaires les plus adaptés pour la venue de la camionnette. Son objectif : permettre à chaque commune, qu’elle soit dépourvue de commerces ou en complément d’une offre existante (boulangerie, marché hebdomadaire), de bénéficier d’un service ajusté à ses attentes.

Cette démarche pourrait rappeler à certains les tournées d’épiceries itinérantes des années 1950. À l’époque, les véhicules Casino sillonnaient déjà les campagnes françaises pour apporter des produits essentiels dans des villages souvent coupés des grands réseaux de distribution. Cependant, les défis économiques et sociaux actuels, comme la désertification des territoires ruraux, rendent cette relance particulièrement significative. Selon le quotidien Sud Ouest, environ 20 000 communes en France n’ont plus de commerce local, rendant cette initiative d’autant plus cruciale.

Une stratégie de proximité renforcée

Ce projet s’inscrit dans le cadre du plan stratégique « Renouveau 2028 » de Casino, qui vise à renforcer son ancrage local tout en répondant aux enjeux sociétaux. Réduire les déplacements en voiture, recréer du lien social, ou encore revitaliser les centres-bourgs figurent parmi les priorités du groupe. « Rendre les produits du quotidien accessibles tout en limitant l’impact environnemental est au cœur de notre engagement », précise Philippe Palazzi.

Des interrogations sur la viabilité économique

Bien que saluée comme une initiative innovante, cette épicerie nomade suscite quelques doutes. Selon un ancien cadre de Casino interrogé par Sud Ouest, ce projet pourrait être coûteux en termes de main-d’œuvre et de carburant, des éléments à ne pas négliger dans un contexte où le groupe cherche à redresser ses comptes. L’homme qualifie même cette opération de « coup de communication ». Pour autant, les habitants des communes concernées semblent voir d’un bon œil cette initiative, qu’ils perçoivent comme un retour à une proximité disparue.

Casino et les territoires : un retour aux sources

Au-delà du simple aspect commercial, ce projet résonne comme un retour aux racines pour le groupe stéphanois. Comme le rappellent nos confrères du Progrès, Casino a marqué les esprits dans les années 50 avec ses épiceries itinérantes, un modèle qui a longtemps fait ses preuves avant de disparaître dans les années 70 avec la généralisation des supermarchés.

Si le succès est au rendez-vous, Casino espère étendre ce concept à d’autres régions françaises, contribuant ainsi à redéfinir les contours du commerce de proximité dans un monde rural en pleine mutation.

Une initiative qui a été saluée par le député de la 6ᵉ circonscription de la Loire, Jean-Pierre Taite. Reste à voir si les habitants des communes desservies adopteront cette nouvelle offre et si les jeunes générations, moins attachées à ces modèles traditionnels, seront séduites par ce commerce de proximité réinventé.

À lire aussi : Les petits secrets de Saint-Martin-en-Haut : un village aux 40 commerces dynamiques