À l’approche du premier tour des élections législatives anticipées, il est temps de revenir sur les candidats en lice. Dans la 10ᵉ circonscription du Rhône, 7 candidats se disputent la place au palais Bourbon, chacun tente de retourner ou confirmer la tendance après les résultats des élections européennes.

La 10ᵉ circonscription du Rhône regroupe 41 communes. Elle se compose des cantons de Saint-Genis-Laval, de Saint-Laurent de Chamousset, de Saint-Symphorien-sur-Coise, de Vaugneray et de la Commune de Dardilly.

Les élections européennes, une idée de la configuration électorale

Dans la 10ᵉ circonscription du Rhône, les élections européennes de ce début de mois n’ont pas réussi à la majorité présidentielle. La liste présidentielle, portée par Valérie Hayer, a remporté 18,5% des voix, largement derrière le Rassemblement National et ses 27,6 % de suffrages remportés. Face à cela, le parti socialiste est arrivé troisième, regroupant 13,8% des voix. Enfin, les Républicains avaient franchi tout juste la barrière des 10%.

Ainsi, la conjoncture politique semble assez défavorable à la majorité présidentielle, elle qui avait pourtant su conquérir la circonscription à deux reprises depuis 2017 et la victoire de Thomas Gassilloud. Le Rassemblement National quant à lui, semble s’être emparé des électeurs. Pour autant, la campagne reste rude.

Afin d’être le plus équitable possible, nous vous présentons les sept candidats et candidates dans l’ordre alphabétique de leur nom de famille.

Irène Berenyi Geley, la défense des villages (Reconquête) 

Le parti reconquête a investi Irène Berenyi Gely. Ses 30 années de travail au ministère de l’Intérieur lui ont permis, selon elle, « de voir ce qui se passe à l’extérieur ». Impliquée en politique depuis trois ans, elle déclare avoir identifié les inquiétudes de tous, parmi lesquelles, figurent, toujours selon elle, « l’entrisme dans le système éducatif », « la défense de notre culture et de notre patrimoine », « la protection de nos enfants », « tout ce qui fait notre fierté et notre identité ».

En réponse à ces préoccupations, elle souhaite « qu’on garde le cœur et l’âme de nos villages […]. Il faut le maintien de nos traditions et des commerces de proximité dans les villages. Je ne veux pas que nos villages meurent. On doit pouvoir trouver une boulangerie, un boucher ou un médecin près de chez soi ».

Ainsi, à l’image de Reconquête, elle oriente ses propositions autour des mesures sur l’immigration et « l’identité nationale ». Elle prône de ce fait « le rétablissement immédiat des Frontières Nationales », « la suppression immédiate des allocations sociales pour les étrangers »,  » la baisse d’impôts massive », « la mise en place des classes de niveau au collège et au lycée » et enfin « l’interdiction du voile dans l’espace public ».

Gilles Bompard, la défense des travailleurs face au « populisme » (Lutte Ouvrière)

Gilles Bompard est un cheminot de 49 ans et militant de la CGT. Il est candidat pour la quatrième fois dans la 10ᵉ circonscription du Rhône.

Il souhaite le retour en arrière sur les dernières lois qu’il estime « scandaleuses qui ont ciblé les travailleurs : celle contre les chômeurs, la réforme des retraites, la loi de programmation militaire et surtout ». Par ailleurs, il « exige l’indexation des salaires sur l’inflation ».

Ayant bien conscience d’évoluer dans une circonscription qui ne lui ait historiquement pas favorable, Gilles Bompard veut tout de même faire entendre sa voix.

Ainsi, pour gagner des électeurs, il compte bien dénoncer « ces candidats populistes », dit-il. Selon lui, il faut que la classe ouvrière ouvre les yeux « sur les dangers d’un vote pour l’extrême droite ».

Il dénonce également l’alliance à gauche en parlant, à ce titre, de trahison : « J’y ai des amis, que je retrouve sur le terrain des luttes sociales, mais je m’imagine mal m’asseoir à la même table que Raphaël Glucksmann et François Hollande, qui a trahi la gauche. »

Sophie Cruz, candidate dans un ancien bastion des Républicains (Les Républicains)

Adversaire de Thomas Gassilloud en 2017, Sophie Cruz repart pour la troisième fois au combat avec l’ambition, dit-elle, de « revenir à des valeurs de droite Républicaine ». C’est une opération de reconquête qu’elle mène pour regagner cette circonscription autrefois acquise aux Républicains, à l’image des mandats de l’ancien député Christophe Guilloteau de 2003 à 2017.

Sophie Cruz est conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2015, et entend bien mettre en avant son bilan d’élue dans sa campagne. « Je veux continuer à travailler, comme je le fais au niveau régional avec Laurent Wauquiez. Nous avons géré notre région correctement. On veut gérer la France correctement […] Il n’y a pas de commune dans laquelle je ne sois allée, dans laquelle je n’ai pas soutenu un projet. »

Elle veut « rendre crédible la parole politique et traduire les paroles en actes ». Elle entend placer la sécurité et le pouvoir d’achat au cœur du débat. Pour cela, elle insiste sur la justice et la nécessité, selon elle, de « travailler sur l’ensemble de la chaine pénale et de rétablir les peines plancher ». Quant au pouvoir d’achat, la candidate LR propose « d’alléger les charges des entreprises », afin de faire en sorte que « le travail paye plus que l’assistanat ».

Thomas Gassilloud, député sortant candidat à sa réélection (Ensemble)

Thomas Gassilloud est le député sortant de la 10ᵉ circonscription du Rhône. Il avait décroché la première fois ce siège en 2017, sous l’étiquette LREM (La République en Marche). Cinq ans plus tard, en juillet 2022, le député regagne son siège à l’Assemblée et remporte le second tour avec 63,3% des suffrages.

Président de la Commission de la défense sous la législature récemment achevée, Thomas Gassilloud porte, pour son camp politique, la fermeté et la clarification. Il déclare dans le Progrès : « Je pense qu’il faut qu’on soit beaucoup plus radicaux et offensifs dans les politiques publiques que l’on mène, dans les choses que l’on fait pour nos concitoyens. Que l’on sache leur expliquer ce qui est fait concrètement pour eux au niveau national et ce qui reste à faire également »

Pour cela, il porte la voix de la proximité et l’écoute des préoccupations des électeurs, notamment en mettant en place des consultations électroniques avec la population. Ses propositions sont tournées vers l’efficacité, la justice et l’ordre. Il veut donner beaucoup plus d’autonomie aux responsables publics locaux en débureaucratisant.

Ainsi, malgré la percée du Rassemblement National dans sa circonscription, le député sortant a décidé de se remettre en marche. Il affirme recevoir beaucoup de messages de soutien et entend bien regagner une nouvelle fois son siège.

David Hornus, un candidat qui se dit « quelqu’un comme vous » (Divers droite)

Candidat divers droite Gaulliste, chef d’entreprise et adjoint au maire de Saint-Genis-Laval depuis juillet 2020 en charge de la sécurité, David Hornus se présente dans la 10ᵉ circonscription du Rhône. Spécialiste de la sécurité des entreprises et de la gestion des risques, il est titulaire d’un 3ᵉ cycle en Intelligence économique.

Dans sa profession de foi, il affirme réagir « au laxisme et au manque de courage des dirigeants politiques ». Face à cela, il se présente comme « quelqu’un comme vous » qui a « subi de plein fouet la crise Covid et la post crise Covid et ses conséquences économiques » qui l’a conduit à « remettre en cause son modèle économique ».

En raison des problématiques connues dans les territoires, et selon lui, parfois « éloignées des préoccupations à Paris », il a décidé de candidater afin de « défendre la voix des territoires qu’il considère comme totalement oublié des hommes politiques et des partis qui font leur petite tambouille ».

Il juge la France dans un état « catastrophique, mais pas désespéré ». Il déplore un manque de sécurité, la détérioration du système de santé et éducatif, les difficultés économiques et leurs conséquences, par exemple sur les agriculteurs. Face à cela, il entend défendre la France, « son identité et sa place parmi les nations », notamment en mettant l’accent sur la valeur travail.

Une nouvelle venue chez le RN, Cécile Patout (Rassemblement National)

Cécile Patout est enseignante en lettres au lycée général. À l’âge de 34 ans, bien que novice en politique, elle montre engagement dans la circonscription afin de défendre sa famille politique.

Elle n’a jamais été élue, mais a déjà été candidate, notamment à l’occasion des dernières municipales, elle se présentait sur la liste du RN conduite par Agnès Marion. Cette enseignante n’habite pas dans la circonscription et y est relativement peu connue. Cependant, elle déclare : « C’est un territoire très hétérogène que je vais arpenter pendant la campagne, avec les militants. »

Cécile Patout reconnait son engagement « fort à porter le programme du RN ». Un programme dont la priorité affichée est le pouvoir d’achat et la régulation de l’immigration. Sur ces points, elle appuie : « Je ne suis pas raciste, mais ce que je reproche au gouvernement, c’est d’avoir ouvert les vannes en grand… Il faut une régulations, on a pas à payer pour ces gens », en référence à l’Aide Médicale d’Etat, qui selon elle, est à réformer. Quant au pouvoir d’achat, l’une de ces propositions est la baisse de la TVA sur toutes les énergies.

À gauche, Florence Perrin défend la nouvelle coalition de gauche (Nouveau Front Populaire)

La candidate à l’origine socialiste, Florence Perrin, défend la bannière récemment créée du Nouveau Front Populaire. Candidate aux législatives de 2007 et 2012, elle avait décidé de raccrocher, mais « l’heure est grave », affirme-t-elle. Elle s’indigne de la « montée du populisme et de l’extrême droite ».

Ainsi, elle tente de revenir aux valeurs centrales de la gauche qu’elle considère comme étant  « la solidarité, la répartition des richesses, la fraternité et la République ». À ce titre, elle met en avant deux grandes mesures portées par le Nouveau Front Populaire, « la taxation des super-profits et le retour de l’impôt sur la fortune ».

Selon elle, dans cette campagne, il faut « remettre les questions humaines au cœur de nos échanges ». Pour cela, elle axe ses propositions sur la santé de proximité, la jeunesse ou encore le logement, en misant « sur le service aux gens ».

Elle déclare ainsi dans le Progrès : « Je n’ai aucun problème pour assumer un rôle de député. J’ai une expérience de 20 ans d’élue. Élue de proximité, comme conseillère municipale, adjointe, vice-présidente sur les services à la population. »